Pourquoi je t'aime
C’est vrai, tu as cette manière de sourire, cette manière de te tenir en retrait, cette manière de te taire, puis d’exploser de rire, ce petit frémissement, une petite cascade de voix qui jaillit de nulle part, lorsqu’on ne s’y attend pas. Tu as cette manière d’attraper tes cheveux parfois, en plongeant tes doigts dans cet amas soyeux et cette manière de te tenir la tête, de réfléchir à voix haute, debout sur tes grandes jambes bien faites, en adoptant un ton rauque. Tu as cette manière de dire de jolies saloperies avec un air sérieux, de dire des bons mots avec un vocabulaire de vieux. Tu as la tête bien faite, sans creux, bien pleine, et le caleçon aussi (dites-pas que je vous l’ai dit). À ta façon, tu as cette manière de me plaire. T’es pas facile, loin de là, ça s’apprivoise un œil de chat, mais des défis, j’en ai relevés, et des bien pires que ça.
Oui, je pourrais dire que je t’aime parce tu as cette beauté qui me capte, ce panache qui m’échappe, cette intelligence que rien ne gâche, à part quand tu l’utilises mal, car même les moins idiots peuvent faire des trucs sales. L’erreur est humaine comme le répètent bêtement ceux qui ne trouvent pas leurs propres mots, et moi j’aime les erreurs. Les erreurs que tu fais, que tu as faites. J’aime tes cicatrices aussi grandes que mes sourires de façade et mon poil qui s’hérisse devant ta grande carcasse au singulier visage.
En fait, y a même pas vraiment de mots pour décrire tes qualités, tes défauts et trouver ce que j’aime chez toi. Pourquoi je t’aime comme ça. Je t’ai aimé sans tes mots, sans ton nom, sans ta voix, puis je t’ai aimé avec chacun d’eux, sans loi, sans bonne ou mauvaise raison, sans fondement. Je l’ai même pas choisi au fond, ça te tombe dessus, comme la fiente d’un pigeon. En vrai, c’est plus joli, plus comme un lâcher de ballons dans le ciel. Des ballons sortis de mon imagination qui s’échappent par dizaines du cœur. Ça déborde et ça vole dans l’air. C’est le cœur qui se fait entendre des tréfonds pour dire qu’il se fiche de ton nom, de ta situation, et que tu pourrais porter un sac poubelle, être ministre, acteur, syndicaliste, facteur, contrôleur du fisc, danseur, musicien, éboueur, médecin, artiste, c’est toi qu’il choisit, sans rien savoir, car il a le goût du risque.
Le cœur hurle des silences qui en disent long et ne me laisse aucune option, fait fi de ma raison, de mes interrogations. Il choisit. Il choisit de ses battements où va sa vibration, il conduit tout seul à la destination. Pourquoi ? Parce que ton âme l’a percuté au passage. Ton image comme le message de tout ce que la beauté de demain présage, avec ou sans nuage, avec ou sans orage, avec ou sans naufrage.
Écouter son cœur, il saisit mieux que soi ce qu’aimer veut dire. Il ne s’exprime pas avec des mots, il bat juste au rythme des pas d’un être nouveau. Le cœur n’a pas peur, il a compris qu’il n’y a aucune raison à l’amour et il reconnaît simplement qui sonne le bruit de son tambour.
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