
Pourquoi faut-il se calmer avec l’expression « dépendance affective » ?
Depuis quelques années maintenant, on entend beaucoup parler de dépendance affective. À l’instar de la notion de pervers narcissique, la dépendance affective est utilisée à tort et à travers. Et cette fameuse « dépendance affective » qui englobe désormais tout et n’importe quoi a mauvaise presse. Pointée du doigt comme une pauvrette, cet état émotionnel selon lequel l’individu est considéré comme un morpion accroché à son crush, serait à fuir. Il est utile de rappeler deux choses : D’abord, la dépendance affective est un trouble psychologique qui existe et se soigne. Secundo, ce n’est pas parce qu’on désire et réclame un lien émotionnel avec l’autre que nous sommes dépendants affectifs au sens médical du terme : il est humain de vouloir créer une interdépendance avec d’autres êtres humains parce que cela prouve simplement qu’on est normal. De fait, nous sommes toutes et tous interdépendants affectifs. Mais pourquoi est-ce devenu un gros mot ? Et comment dédiaboliser le besoin d’interdépendance affective sans normaliser le trouble médical de la dépendance affective ?
1. Phénomène de l’individualisme
L’individualisme ou l’égoïsme, par opposition au collectif, est un courant de pensée, un phénomène sociologique fortement observable en Occident depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, en lien étroit avec l’ère industrielle qui remplace l’ère traditionnelle. À partir des années 1860, l’expression romantique de l’intériorité est remplacée par l’analyse de soi et de ses états de conscience, sous l’influence de la philosophie positiviste et de la psychologie (en découlent des termes tels que la dépendance affective). Cet égoïsme croissant pousse les gens à penser à eux-mêmes, pour eux-mêmes en balayant l’autre du paysage. Cette attitude d’ultra indépendance a évidemment des côtés néfastes sur les relations humaines. En amour, l’individualisme narcissise le sujet au point de juger problématique et critiquable le sujet qui est porté(e) vers l’autre. S’éloigner de cet individualisme créé de fait, des dysfonctionnements chez l’être doté d’empathie, de générosité et d’un désir profond de créer des liens avec autrui.
2. Personne n’est autosuffisant
Vous ne vous suffisez pas à vous-même. Vous n’avez rien sans rien mais surtout : vous n’êtes rien sans rien. L’autre vous porte et vous construit, il vous pousse et vous élève. La version de vous-même dans laquelle vous adorez vous complaire est façonnée par les autres depuis votre naissance. Grâce à l’interdépendance. Cette interdépendance est nourricière et c’est par elle que vous construisez votre entièreté en tant qu’individu humainement équilibré. La faille ne réside pas chez ceux qui désirent entretenir des liens émotionnels. La faille est là où la solitude et l’absence de communication et de lien commence à trop durer. Or, notre société nous a fait croire le contraire, en poussant la dépendance individuelle à son paroxysme dans le but de réussir et d’atteindre le bonheur.
3. Je suis interdépendante émotionnelle
Je désire aimer et être aimée et j’ai souvent été fustigée pour cela. Je ne m’en suis jamais excusée et je ne m’en excuserai jamais. L’amour est mon radeau. Je suis née pour aimer. Sans amour, ma peau s’étiole. Je deviens l’ombre de moi-même. Un spectre gris qui déambule sans âme et sans but. Sans amour, je meurs. Je meurs de ne pas aimer. Parce que je suis humaine, j’ai le devoir d’aimer pour vivre et pour survivre. Dès l’instant où je suis née, mon seul devoir sur Terre fut celui d’aimer.
Puissiez-vous aimer sans vous en vouloir.
Sarah - @ladelicatessedesmots
je m'inscris