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(Mauvais) esprit de Noël

Tous les ans, c’est la même chose.

Sur le plan de table, ça fait désordre. Comme la cinquième roue du carrosse se trouve parmi toutes les autres, une chaise en plastique, piquée dans le jardin et rajoutée, même pas en bout, mais bien en coin.

Cette chaise c’est la mienne, celle de l’éternelle célibataire.

Cette année encore, à défaut d’autre chose, c’est le pied de table qui se postera toute la soirée entre mes jambes.

Je suis celle qui se ramène seule au dîner et qui fait des cadeaux groupés. Vous voyez le nom rajouté à la dernière minute sur les étiquettes ? Là aussi, bingo, c’est le mien.

Je suis celle qui ne lésine pas sur les petits fours et le champagne. Oui, surtout sur le champagne. Et le vin rouge aussi, bien plus que sur la dinde.

Je suis celle qui lève les yeux au ciel dès qu’on l’interroge sur sa vie personnelle et les projets qu’elle n’a pas encore réalisés. Qu’est-ce que j’attends ? Le déluge sûrement, ou la fin du monde. Paraît-il qu’elle approche, alors pourquoi devrais-je donc me presser quand le monde autour s’écroule ?

À force, ma tactique est rodée.

En début de soirée, je fuis la cuisine. Cela me propulse certes au rang d’ingrate fainéante, mais plutôt assumer mauvaise réputation que d’avoir à souffrir les histoires des mères modèles et parfaites épouses en épluchant les oignons. Pire encore, l’idée de devoir compatir aux demandes en mariage qui se feraient un peu trop attendre.

Mais non, bien sûr, s’il ne s’est pas encore agenouillé, ce n’est pas parce qu’il ne veut pas t’épouser, mais simplement qu’il n’a pas saisi la subtilité des perches que tu lui tends quinze fois par jour. Insiste encore pour voir.

À partir d’une certaine heure, c’est le salon que j’évite, sous peine d’être prise entre quatre yeux et deux doubles mentons, me devant de trouver quelque chose à redire à la sérénade habituelle du grand-père gâteux « C’est quand que tu nous ramènes un fiancé ? »

Un jour papy. Mais d’ici là, tu ne seras certainement plus de ce monde.

Oups.

Vous pensez que les fêtes me rendent aigrie ? Non. Enfin peut-être. Un peu.

Moi, ce ne sont pas les huîtres qui me retournent l’estomac, mais l’hypocrisie de cet implacable esprit de Noël. Vous savez, celui qui fait que l’on serait obligé de mettre nos rancœurs et toutes ces petites choses terribles que l’on se fait toute l’année, pour célébrer ensemble une fête dont finalement tout le monde se fout.

Pour rappel, Noël est à la base la naissance du Christ. Soit, mais qu’on se le dise, ici, tout le monde est là pour les cadeaux. Passé la distribution, et quelques verres sciemment dosés, les débats reprendront bon train, les avis divergeront autant que les goûts au sujet de la bûche, et l’on finira par claquer la porte tout sourire, heureux malgré tout à l’idée de se dire qu’un Noël par an, c’est largement suffisant.

Par Britany Lefebvre | @Indécence_et_Déraison

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