
Les masques de l’amour : Pourquoi fait-on semblant d’être quelqu’un d’autre en début de relation ?
Il y a ce frisson au creux du ventre, cette étincelle dans le regard.Le début d’une histoire a quelque chose d’exaltant, une énergie particulière qui nous pousse à montrer le meilleur de nous-mêmes. On veut plaire, on veut séduire, alors on enfile, sans même s’en rendre compte, un masque délicatement façonné.
On devient plus léger, plus drôle, plus intéressant. On rit un peu plus fort aux blagues de l’autre, on se passionne pour des sujets qui nous étaient étrangers la veille, on cache nos hésitations derrière un sourire assuré. C’est un jeu inconscient, un ballet délicat où chacun cherche à mettre en avant la meilleure version de soi-même. Pas par malhonnêteté, non. Mais par cette douce et naïve peur que notre véritable nature, brute et imparfaite, ne soit pas assez belle aux yeux de l’autre.
Le doux vertige du premier regard
Il y a quelque chose d’irrésistible dans l’idée de se réinventer sous le regard neuf d’un être aimé. Comme si l’amour, même naissant, avait ce pouvoir étrange de nous façonner autrement, de nous donner envie d’être une version affinée de nous-mêmes. Alors on s’applique, on se polit, on joue avec les mots et les silences, et on espère secrètement que l’autre tombe amoureux de cette image que l’on projette.
Mais derrière ce jeu de séduction, il y a aussi cette peur du rejet, ce frisson d’incertitude qui nous pousse à taire nos failles, à masquer nos fragilités. Et si on riait trop fort ? Et si on montrait trop vite nos doutes et nos maladresses ? Alors, on tempère, on ajuste, on filtre. On laisse de côté nos larmes inutiles, nos colères trop brutes, nos petits travers qui font pourtant de nous ce que nous sommes.
L’illusion de la compatibilité parfaite
Parfois, on se surprend à exagérer nos ressemblances, à feindre des passions communes, à gommer les différences qui pourraient semer le doute. On veut croire que l’on est faits l’un pour l’autre, alors on arrange la réalité. Ce film qui nous laissait indifférents devient soudain un chef-d’œuvre, cette musique qu’on n’écoutait jamais trouve miraculeusement un écho dans nos playlists. Tout cela pour se fondre dans l’image idéale que l’on se crée du couple naissant.
Mais peut-on aimer véritablement si l’on joue un rôle ? Peut-on construire une histoire sur des illusions ? Ces questions ne trouvent pas de réponses immédiates, car les débuts sont souvent empreints de douceur, et personne ne veut briser la magie trop tôt.
Quand les masques tombent
Puis, un jour, sans même s’en apercevoir, on relâche un peu l’effort. On oublie de choisir les bons mots, on laisse échapper une opinion plus tranchée, une habitude étrange. Peut-être même qu’on se surprend à être simplement… soi. Et contre toute attente, l’autre reste. Il ne fuit pas devant nos maladresses, il ne se détourne pas face à nos vérités. Il sourit. Il accepte. Et alors, la peur s’évapore, doucement.
C’est là que commence la véritable histoire. Non pas celle des regards enjôleurs et des éclats de rire trop maîtrisés, mais celle des silences apaisants et des complicités sincères. Aimer, après tout, ce n’est pas seulement séduire. C’est aussi être vu dans sa vulnérabilité, et savoir que malgré tout, on est toujours choisi.
Alors, si en début d’histoire nous portons des masques, ce n’est pas par tromperie, mais par peur. Peur de ne pas être assez, peur que l’autre rejette nos imperfections. Et pourtant, c’est bien dans cette imperfection que naît le véritable amour.
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