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Le miroir de nos différences nous rapproche

Nos yeux sont des miroirs. On a un peu les mêmes. C’était pas prévu mais dans un regard, on s’est reconnus. On se connaissait pas pourtant. J’te connaissais pas, tu me connaissais pas mais c’était comme si on se connaissait déjà. Oui, on a un peu les mêmes yeux et se reflètent en eux, le même feu. On reconnaît le miroir de l’âme qui s’agite comme des flammes au milieu de l’iris qui crépite quand on se regarde. A la première seconde, je t’ai vu, tu m’as vue, sans même un son de voix répandu.

Aujourd’hui, alors que l’on se connaît, le regard continue de se comprendre sans se parler mais on sait reconnaître nos deux entités. Deux caractères bien trempés qui se dessinent, se soulignent et s’affirment pour laisser place à nos singularités. Résonne en moi le son de ta voix et de ton rire joyeux, discret sous une bouche entrouverte. On a ouvert les fenêtres et les échos de nos mots s’échappent maintenant dans l’air. Je reconnais ces expressions que tu utilises et qui font ton identité. Des expressions qui ne sont pas les miennes et qui viennent de partout. De Paris et d’ailleurs, d’un monde que tu as su mélanger, là où ta posture reste celle du snob impertubable parisien qui m’a perturbée. Contrairement à toi, je semble, en premier lieu, plus avenante, plus souriante, plus spontanée et sans ego mal placé. J’ai aussi mon propre langage, mes propres adages. La Normandie, tu connais.

On a le même cynisme alors qu’on a grandi différemment. Les mêmes blagues, la même rage sans avoir l’air d’y toucher vraiment. On se touche pourtant. Chacun ses bagages et ses combats, chacun ses frasques et ses fracas.

Souvent, tu pavanes là où je me cache et quand je tranche, c’est toi qui trébuches. Là où j’ai de la force, c’est toi qui plies l’écorce. Tu es l’enfant perdu, là où je reste l’enfant rebelle, l’enfant terrible qui te tire la langue du coin de la rue. Ma fougue romantique t’effraie, mais force ton admiration et parfois, c’est toi qui envoies des baisers du bout des doigts quand tu t’en vas et que ton toi se met à nu.

Tu es sociable et intérieur, je suis asociale et extérieure. C’est différent et c’est pareil. Juste des mots qui changent de couleur. Tu es plus gentil que snob et moi plus secrète qu’il n’y paraît, en somme. Toi, le sportif qui muscle ses abdos quand je sors sans soutif et que mon seul sport est celui de muscler mes mots.

C’est comme porter le même costume ou se le prêter. Il convient aux deux. Là où il est oversize sur moi, sur toi, il est juste plus serré. Et encore, tu es taillé, certes, mais il ne faut pas exagérer. Et comme toi parfois, je suis taquine, j’aime te tailler des costards, comme là, et beaucoup d’autres choses coquines.

Nous nous habillons tous les deux de doutes ou de l’apparat que rien ne redoute, ça dépend des fois, somme toute. Quand on est tous les deux, je reconnais tes mots dans tes silences qui leur donnent grâce. Tes non-dits sont jolis, toujours inscrits dans ce regard qui veut dire oui.

Quand on est tous les deux, tu reconnais les entrelignes dans mon verbiage inutile, tout ce que j’ai envie de dire sans ne l’avoir jamais vraiment dit. Ce même oui. Différents langages pour dire les mêmes choses. Les contraires s’équilibrent, s’attirent pour se dire tout avec trop ou pas assez de mots.

La vie, c’est un cache cache entre ce qui nous rapproche, nous éloigne. C’est mouvant, comme les vagues, les pages. C’est comprendre qu’elle est une danse que l’on peut toujours synchroniser. Là encore, tu ne sais pas danser, mais je peux t’apprendre à valser.

Les corps se mélangent, les cœurs se comprennent, les mots s’engueulent, les caractères s’énervent, mais les corps, les cœurs, les mots et les caractères s’étreignent.

On a les mêmes yeux, mais on est différent. Ce qui nous rapproche, c’est ce même regard sur la vie. On capte le reflet du jour et de la nuit de la même fenêtre, même si tu la regardes de haut et moi le nez collé à la vitre. On a l’air idiots, certes, mais l’on reste ces deux cons qui nous aimons, collés l’un à l’autre qui regardons les badauds longer la Seine, dans la même direction.

Par @plaquemoisurtonmur

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