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L’amour aux élans ralentis

Il y a différentes mécaniques, manières, techniques et chacun a sa méthode. Parfois, le couple, ça commence sur les chapeaux de roues façon Formule 1, on fonce sans mettre les freins. Et parfois, le moteur du cœur ronronne un peu, on reste accroupis dans les starting-blocks en attendant le coup de feu. Ce n’est pas forcément risquer un faux départ, c’est juste avoir envie de prendre son temps. Tout le monde n’est pas un Usain Bolt dans l’âme, tout le monde n’est pas un bélier qui fonce cornes et âme (et je ne parle pas de vous les cocus) pour tomber à la renverse sur la lignée d’arrivée : l’autre.

Non, certains prennent le temps de vivre les choses avec plus de lenteur. Après tout le but, c’est le saut en hauteur, en longueur, l’ascenseur vers le septième ciel, non ? Le final reste le même, qu’importe le nombre de mi-temps.

Ne cherchez pas, j’ai décidé de faire plein de métaphores sur le sport, histoire de me détourner de la Coupe du Monde qui se passe au Qatar en mettant tout mon amour du sport sous le radar pour combler la frustration de boycotter une compétition qui n’a coûté que quelques milliards, un rein à notre planète et la vie à ceux qui y ont construit des terrains.

Aussi, revenons-en à l’amour. C’est un sport, oui. Pour les rapides et les plus lents. Et les tortues ne perdent pas de terrain forcément. Certains prennent le temps du badinage artistique. La grande parade du paon. On se courtise, on se cherche, on y va doucement. On tergiverse comme avant un lancer franc.

Certains couples se construisent ainsi. Les pieds longtemps au bord du tremplin. Chacun au bord d’une falaise, peut-être pas très à l’aise, à mettre 46 mousquetons pour être sûr que l’espace est sécurisé et que personne ne va tomber. On se regarde au loin, parfois à la même table de poker, ça check, ça re-check, ça mise, ça relance, ça sur-relance, mais on ne fera pas tapis tout de suite. Si, bien sûr, on peut se mettre au lit très vite et partager des restos, des cinés, des matchs de foot à la TV (on a dit, pas le Qatar, vous vous rappelez), mais pas besoin d’engagement ou de grandes passes décisives, on est plus dans l’échauffement. Et l’échauffement n’est pas une perte de temps. Si c’est notre rythme : le marathon, le décathlon, plutôt que le sprint, ce sont des plans tout aussi probants. Il faut du temps pour apprendre à marcher, à courir, à nager, alors pourquoi ne pas prendre son temps pour aimer ?

La lenteur permet parfois d’éviter que ça lutte, que ça bute, que ça parte en ligaments cœurs croisés, charpie d’une course en 100 mètres mal contrôlés ou comme le journaliste avec son micro tendu qui percute le vélo en pleine ascension pour passer de la tête dans le guidon à la tête dans le goudron. (Par contre je n’aime pas regarder le tour de France, je tiens ces infos de tous les bêtisiers donc nous sommes actuellement abreuvés. Je préfère regarder Turbo, bien qu’ici, ce soit tout le contraire de mon propos).

L’amour peut avancer à tâtons, comme un match de base-ball (en vrai, un match de base-ball, c’est vraiment super long. T’as le temps de voir défiler ta vie et celle de tes futures générations, soit la Terre jusqu’à son extinction), mais ça a du bon. On prend le temps de connaître son partenaire, de baliser ce que l’on aime de lui comme dans une course d’orientation, étape après étape. Ça peut être long aussi, comme certains cherchent encore le clitoris de leur amie (deuxième à gauche, huitième à droite, en passant la troisième tranquillement chéri).

On a une boussole, on la regarde et on regarde l’autre s’avancer vers soi. Qui sommes-nous toi et moi quand on marche sur la terre battue à pas de fourmis ? Poussière d’inconnu, qui es-tu ? L’adversaire, le futur co-équipier ? Le plan cul d’enfer ? Le partenaire de crime parfait ? Le futur mari  ? Qu’importe, on avance face à face, face à fesses, bras de fer ou patin à glace, on danse, ça glisse et c’est lent comme du curling, pour autant, même les boules lentes peuvent striker les quilles, et bingo les jeux sont faits. À bas la béquille.

À la manière d’une partie d’échecs, ça réfléchit tranquillement dans sa petite tête à comment voler le cœur du roi ou de la reine sans bruit, mais pas sans folie. Prendre son temps n’est pas un échec. En amour, ce n’est pas le plus rapide qui gagne. La médaille dorée, c’est trouver la bonne personne et elle peut mettre toute une vie à arriver, on peut mettre des mois à plonger, à s’officialiser, saluer ensemble son public familier, mais l’essentiel, c’est d’être en émoi. Rien ne sert de courir, marcher bras dessus bras dessous vous emmènera au même endroit.

Par @plaquemoisurtonmur | Nikkie 

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