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Être attiré par un amour impossible

Parfois, les sentiments ne captent pas leur meilleure traduction dans les sous-titres du cœur de l’autre. Rien n’empêchera jamais cette force amoureuse d’embarquer les émotions vers un certain déséquilibre. Un jour, il y a cet autre qui déstabilise, qui chamboule et remue nos réflexes pour envahir nos pensées. Il suffit d’un instant complice, dans un décor de vie, pour projeter sur notre désir, l’envie de conquérir le cœur d’une personne encore inconnue, avec ce degré d’importance qui viendra régir le sens et les directions de nos sentiments. Mais que se passe-t-il quand l’amour qui surgit, dérive instinctivement dans une impasse émotionnelle ? Comment les sentiments manœuvrent dans un cul de sac romantiquement visible, insistant et convaincu qu’un amour reste possible alors qu’il n'en est rien finalement ? Être attiré par un amour impossible est une mission impossible, au possible.

Cette histoire d’amour m’est arrivée, spontanée et sincère dès le premier soir où j’ai plongé dans la profondeur de son regard, dans ce bar saupoudré d’ambiance et de monde encombrant. Les sentiments s’attachent à une dimension inconnue, dessinent des liens assez puissants et robustes pour assurer leur mémoire vive repensant à son allure, ses gestes naturels, ses formes et son élégance brute. Les mains du désir se sont emparées de ma nuque. Son sourire était une signature si élégante qu’elle a renversé mes habitudes et ma sensibilité.

Bien que prudent sur la hauteur du saut qui attendait mon attirance pour cette fille parfaitement conçue pour un amour minutieux et durable à deux, j’écoutais déjà la difficulté de ne pas pouvoir aller au bout d’une course effrénée et sentimentalement passionnelle. L’amour, instinctif et oppressant, n’a été finalement que la plus belle mission impossible de ce cœur attentiste de perspectives et de nouveaux horizons ensoleillés et rassurants par la chaleur de sa présence.

D’entrée, nos échanges ont été magnétiques, hypnotisants par leur hauteur. De confidence en confidence, bien que les corps se rapprochent et livrent des récits du passé agressés de douleurs, de blessures et de leçons, les désirs s’expriment en portant des gants de tendresse. Dans cet amour objectif, assumé mais coloré d’impossible comme il s’était annoncé, au-delà des attentions et de la considération d’un futur romantiquement incertain, le passé a envahi par son influence nos deux cœurs convaincus qu’ils puissent s’entendre, s’écouter et se masser de promesses affectueuses.

Le temps nous a permis le luxe d’apprendre à nous connaître. Nous étions ensemble, uniquement lorsque nous étions à deux hors des codes classiques, laissant nos réflexes puérils, agir sur nos comportements, nous surprenant à nous contenter d’un frôlement de main passager, d’une caresse légère et si furtive, le temps d’une soirée exclusive. Sa règle était évidente : celle de se refuser à l’amour public et ouvert, où assumer le secret de cette attirance, par peur de détruire la rigueur de cette relation complice, ne soignerait pas les traumas.

Le toucher était un exercice théoriquement possible, mais la douleur du passé, non enterré psychologiquement, réveillait un certain rejet de chaque approche. Pas de sexe, pas de préliminaires, pas de jeux érotiques inspirés du désir impulsif et partagé, pas de laisser-aller charnel, tous ces fondamentaux manipulés par la lourdeur d’un vécu encombrant et trop présent encore, ont bloqué la libération de nos envies. Le vertige de l’attirance n’est pas une réponse fiable pour retirer à l’amour, ses médailles de l’impossible.

De cette recette, les sentiments se ratent. Je l’ai aimée d’entrée, mais l’impossible était la seule et unique porte de sortie, dans un harem de sentiments trop prononcés, trop en avance sur leur temps d’expression.

Aucun cœur, sûrement pas le mien, n’est finalement prêt à reconnaitre son avance et sa cadence trop envieuse devant un amour impossible. Nombreux sont les individus s’avouant dans l’écriture de leur idylle, qu’ils sont soit faits l’un pour l’autre et évidents l’un pour l’autre.

Dans cette idylle-là, elle n’a eu comme assurance que celle de définir l’amour comme une conception à part, maladroite et pas assez armée pour aligner les astres de nos sentiments. Dans cet amour impossible, j’aimais m’endormir sur des songes, des mirages amoureux qui me secouaient chaque matin, avec l’envie féroce d’effacer sa sauvegarde d’un passé trop déroutant par sa violence et son poids. Elle ne donnait plus aucune chance à l’amour, bien que j’aurais pu l’aimer au-delà de l’impossible, au-delà des cicatrices et de ses marquages.

Alors j’ai vécu avec et sans elle, j’ai grandi et évolué avec et sans elle, j’ai aimé avec et sans elle. J’ai construit la structure d’une romance et d’une existence parallèle, où la géométrie de l’amour n’était pas le modèle intégralement équilibré mais était une réplique presque stable de ce qui forge la sincérité du couple.

Être attiré par un amour impossible et cette forme de love story déstructurée, a été un vaccin romantique, un tatouage éternel imaginé depuis les courbes de mon désir pour elle, trop exagéré, trop engagé pour offrir à la notion d’amour, sa réalisation réelle. J’aurais aimé être ce couple, façonné de confidences, de partages et d’attentions. En étant attiré par cet amour nativement impossible, j’ai imposé à mes sentiments, une réforme de retraite, n'imposant aucune péremption, aucun seuil de validité. L’amour est une éternité, flagrante et forgée sur les parois de nos sentiments. Être attiré par un amour impossible, dessine des chemins trop clairs, qui dictent à notre cœur, des consignes minutieuses pour laisser le destin, servir d’autres tableaux amoureux, en se détachant de celle ou de celui que l’on aimait objectivement et en se réinventant dans une autre passion qui se réclame.

Face à chaque amour impossible, Pascal Quignard écrit : " Qu'est-ce que l'amour ? Ce n'est pas l'excitation. C'est le besoin de se trouver tous les jours dans la compagnie d'un corps qui n'est pas le sien. - Dans l'angle de son regard. - À portée de sa voix.” Une compagnie aussi évidente que visible.

Par @motpourmotofficiel

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