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Est-ce qu'on a perdu deux ans ?

Est-ce qu’on a perdu deux ans ? J'ai retourné la question mille fois dans ma tête.

À l'approche de mes 29 ans et après avoir passé les deux dernières années avec un inconnu que je croyais connaître, je me demande :

Est-ce qu’on a perdu deux ans ? J'ai retourné la question mille et une fois dans ma tête.

Notre histoire était dès le début, vouée à l'échec. Il draguait, j’étais jalouse. Il me drivait, je suis farouche. Alors, comme on démissionne, je suis partie un lundi matin, gênée mais soulagée. Inquiète pour le futur, fière de me respecter.

Pas de tristesse, ni même de colère. Seulement des questions quand au détour d’une conversation, un ami m’a dit : - Tu as perdu deux ans.

"Perdre deux ans." Comme si c’était mieux de rester quand on a commencé à miser.

Rester. Se déchirer, amertume et reproches. Ne plus rien ressentir que du dégoût. Rester. Parce que c'est plus convenable. Pour les amis et le prénom d’un potentiel futur gamin. Rester. Pour tout ce qu'on a projeté, pour les souvenirs du futur. Et puis ceux du passé. Pour faire plaisir ou parce qu'on a commencé. Rester, comme une bataille à livrer.

"Perdre deux ans." Comme si je ne savais pas où ils étaient passés.

Je sais sa musique préférée, nos angoisses pour le futur. Je sais son passé, le soir où il a pleuré. Je sais le confinement, les séries binge watchées. Je sais les secrets, en tailleur sur le lit. Je sais l’humour et ses vannes préférées. Nos limites. Les warnings. Je sais quand j’aurais dû partir. Je sais ce week-end à la campagne. La moue qu’il fait quand il boude. L'énergie dépensée pour l'égayer. Mes indélicatesses, les siennes. Les projets, avortés. Je sais ses amis, ses exs, sa famille. Ce qu'il aime, ce qu'il déteste. Il m'a insultée et j'ai répondu. Il m'a trompée. Je suis tombée des nues. Je sais.

"Perdre deux ans." Comme si j’avais tout oublié.

Je me souviens. La nuit où il a coupé mon carré, étonnement bien fait. Le parc et les photos qu’on y faisait. La manie qu'il avait de se lever à pas d'heure. Les journées entières à pester sur son ordinateur. Je me souviens qu’il m’a aidée. Il buvait tous les textes dont je n’étais pas sûre. Je me souviens des joies et aussi des chagrins. Je me souviens des soirs et aussi des matins. Je me souviens.

"Perdre deux ans." Comme si ça ne m’avait rien apporté.

J'ai appris. J’ai appris qu’il est préférable d’être seule que de se sentir seule accompagnée. J'ai appris à pardonner. La patience, la tolérance. Garder en tête les bons moments, ne pas ressasser les mauvais. J'ai appris que l'amour n'est pas toujours suffisant. Qu’une rupture ne remet pas en question nos qualités. J’ai appris à apprécier le calme, la liberté. Que je ne cherchais pas à être réparée. J’ai appris que je ne pouvais pas soigner tous les maux. Que je valais le monde tout entier sans que quelqu'un ait à me le répéter. J'ai appris qu'on est son premier amour, le plus puissant, le plus fidèle, le pour toujours. Nous ne sommes jamais seuls de s'avoir soi. J’ai appris.

Peut-être que deux bonnes personnes, ensemble, ne sont pas bonnes l'une pour l'autre.

Nous n’avons pas perdu deux ans.

Aucune relation n'est vaine. On se trompe, on comprend, on apprend. On avance. En cela, ce n’est pas perdre. C’est vaincre ses propres combats. Narguer ses démons. Savoir ce qu’on veut et ce qu’on donnera, dans une prochaine relation.

Par @lalanguependue

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