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Des mots qui glissent dans l’air

Je sais que tu l’attends. Non, pas la baisse du prix du gaz, du carburant ou de l’électricité, crois bien que sur ce plan, on va tous aller se faire ghoster. Non, ton petit message du matin ou de la journée. Tu sais, ce bel échange, ces doux messages, jour après jour qui se propagent. Tu ne connais peut-être pas le destinataire depuis longtemps ou peut-être depuis deux vies. Eloignés par l’océan ou seulement à deux rues d’ici. Tu ne le vois pas, ou pas tout le temps, parfois tu l’aperçois seulement. Mais le virtuel construit une partie du présent à sa manière, avec un simple “Tu es belle”, “Ça a été le réveil ?” ou “Très joli ce petit dessous blanc”. Le message comme un tremplin supplémentaire pour dire ce que tu n’oserais aborder en face à face de but en blanc.

Le tremplin pour délivrer le désir en trop plein. Il active l’imaginaire, permet à la réserve de rester en arrière-plan, dans un coin. Par touches, ça crée le lien, courtise l’inconnu ou le conquis, mine de rien. Le message active, attise, ravive. Vie parallèle à la vie réelle, des mots secrets accrochés à des ailes qui font voler haut le coeur, la pensée. L’autre n’est pas toujours là physiquement mais, il est là, quelque part, avec toi.

A quoi je le vois ? Je le devine à la tête, à son éclat. Je te vois sourire dans les rues en regardant l’écran. Je sais que c’est ce quelqu’un au bout de ta main. Je vois ton visage s’adoucir, je sens le bonheur en toi. Je sais que c’est lui, que c’est elle au bout du fil, au bout de tes cils. Je sens irradier de toi cette chaleur. Tu ne souris pas comme ça quand le destinataire n’est autre que ta mère, ton père, le banquier ou le conseiller pôle emploi. Ca se voit. Ce rappel envoyé dans l’air, ce n’est pas du domaine du fisc, du fist à la limite, mais je ne veux pas savoir.

Ce qui est certain, c’est que l’on n’aborde pas ce sourire pimpant quand ça traite du prochain débit d’argent. Le PEL en ruine te donne grise mine. Alors que là, tu brilles aux éclats. Un crush, l’amour de ta vie, ton extra du samedi, peu importe. Ce qui compte, c’est cette joie dans tes yeux, cette voix sourde qui rend ton teint grâcieux. L’âme de l’amant ou de l’amoureux qui émane de toi à la manière d’un secret délicieux que tu caches si peu, malgré tout, malgré toi.

Je sais que tous les matins, tu espères te réveiller avec ses mots sur un écran, envoyés durant les nuits blanches ou les matins au ciel violet pour accueillir ton premier sourire de la journée. Tu vas y répondre, ou même, être le premier à l’envoyer, aucun rôle ni ordre n’a été déterminé. Mais le cycle épisolaire s’enchaînera, t’enchaînera à cette âme solaire, sans douleur, juste des mots comme de douces lueurs qui s’échappent de toi. La lumière de ton regard est celle qui éclaire aussi ton coeur à chaque sonnerie ; le son de sa notification. Ce petit éclat à ton oreille qui te réchauffe l’abdomen et résonne déjà comme un “je pense à toi”, “tu sais, peut-être que je t’aime aussi parfois.” sans avoir encore lu le contenu.

Les mots qui glissent dans l’air ponctuent tes journées de lui ou d’elle, mes journées de toi, les rendent plus belles ou égayent celles qui ne le sont pas. Ton coeur, aussi près ou loin soit-il, bat dans ces moment-là, quelque part à l’intérieur de moi. Si tu savais, sans jamais te le dire, comme j’ai hâte au prochain. Est-ce toi, est-ce moi ? Qui de nous deux l’enverra ?

Par @Plaquemoisurtonmur 

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